"Non ne va pas par là !". "Non, ne fais pas ça !". "Descend !"... Tes journées se résumaient par ces simples interdictions que ta mère ne cessait de proliférer à ton attention. Tu n'étais pas un enfant des plus... docile ? Voir même calme ! Néanmoins cette petite boule d'énergie que tu étais ne cessais de crapahuter partout en dépit du mécontentement de ta mère. C'était toujours comme ça ! Jusqu'à la prochaine chute, jusqu'à la prochaine égratignure, cela te calmait un peu mais au fond c'était pour une journée ou deux... Les têtes brulées ne se contrôlent pas !
Tu épuisais ta mère avec ton hyperactivité incessante. Même les médecins, les thérapeutes n'y pouvaient rien. Alors un soir on souffla l'idée d'un club de sport à tes parents. Ils se dirent qu'ils étaient sauvés et c'était presque le cas. Mais dès que tu revenais de ce moment si idyllique pour toi que tu souhaitais le partager, personne ne t'écoutait. Ta mère faisait mine de tendre l'oreille cependant tu voyais bien qu'elle ne s'en souciait guère. Tu ravalais donc ta salive et t'isolais. Tu étais si triste.
Lui, au moins il t’écoutait. Lui, il te souriait quand tu faisais des blagues pourries. Ce garçon était juste un ange tombé des cieux et tu ne pouvais te passer de lui. Alors au départ ce n’était que de simples petits rendez-vous, puis de plus grandes escapades. De toute façon personne à la maison en t’en empêchait. Autant en profiter ! Oui, Min Hae était vraiment un ami en or que tu adorais. Votre rencontre avait résulté du pure hasard mais qu’importe !
Tu te souviens d’un visage aux traits fins. D’un visage qui t’insufflait d’une bonheur, ou bien une véritable piqûre d’adrénaline en fonction des situations. En vérité ce compagnon de jeux, ce partenaire aux quatre cents coup te faisait passer par toutes les émotions et c’est cela que tu trouvais appréciable ; il était ton roc. Tout en détaillant son visage d’ange ton cœur rata un battement : était-ce quelque chose de nouveau qui sommeillait en toi ? Vos regards s’étaient croisés simplement et pourtant tu percevais ce changement en ta personne . Cette envie d’être encore plus proche et de le comprendre plus que de raison . Sans te quitter des yeux il t’avait souri avant de s’avancer vers toi. Le premier contact semblait si doux que tu avais naïvement fermer les yeux face au baiser qu’il te donnait. Les joues rouges, le souffle court, tu ne pus que répliquer tendrement à cette embrassade inattendue. La seconde d’après vous vous observiez dans le blanc des yeux avec cette douleur aux creux de vos deux ventres. A nouveau il avait souri et tu n’avais pu que faire de même en collant ton front au sien. C’était un de ces après-midi printaniers, là où le soleil chauffe les herbes vertes et les amants étendus sur le sol. Vous étiez resté ce qui peut paraître une éternité avant de finalement vous quittez à regret. Votre conversation avait tourné autour de vos envies de bêtises, d’âneries à venir. En le regardant partir tu réalisais qu’il n’y avait rien de plus beau dans ta vie que cette personne, que ce LUI.
Blanc. Tout te semblait blanc et vide. Il n’y avait que cette énorme boîte dont le bois sculpté réfléchissait bien trop la lumière pâle du soleil de décembre. Autour de toi, cette populace gênante ne faisait que t’étouffer un peu plus chaque seconde. Tous ces gens vêtus de noirs, tous ces airs désolés alors qu’au fond tu savais qu’il s’en foutait. Tu étais le seul. Le seul qui s’était un jour soucier de lui. Etouffant quelques larmes au passage, ravalant ta tristesse mêlée à de la rage, tu jetas la rose qui venait tout juste de te saigner. La jolie fleur retomba sur le bois dans un bruit des plus discret… Toi, tu étais là. Tes pupilles vides s’attardèrent sur ta main meurtrie par les épines et bien vite tu mêlas tes larmes aux petits sillons rougeâtres goûtant de ta paume. Ce n’était pas juste… On n’avait pas le droit de te le prendre.
