Still stuck with you. [ Feat L ]

J’avais eu des difficultés à fermer l’œil de la nuit. Je n’avais cessé de songer à cet abruti avec qui elle passait son temps quand elle ne se trouvait avec nous. Il nous avait bien cherchés la nuit dernière, et je vous avouerais que j’avais plutôt eu du mal à digéré ce pic qu’il nous avait lancé aussi aisément, croyant qu’il s’en sortirait intact après ? Il nous connaissait mal ou bien nous connaissait tout court, et s’était stupidement tenté de se la jouer cool. Qu’importe, il me confirmait là combien Passion ne lui était indifférent, combien elle avait une place dans son cœur, à lui aussi. Mes paupières s’étaient doucement ouvertes me faisant comprendre qu’il n’était plus question que je continue à me torturer ainsi. Réveillé de mon sommeil, si l’on pouvait nommer cela comme tel, je me redressais doucement sur mon lit, m’asseyant tout en passant mes mains sur mon visage, me motivant à retrouver mon quotidien. En réalité cela faisait seulement quelques jours que je ne voyais plus du tout Passion. Après ce qui c’était produit à la piscine, ce soir là, je lui avais bien fait comprendre qu’il n’était question qu’elle revienne à moi au dépit de me voir l’ignorer totalement, cette fois ci. J’avais pris mon courage à deux mains pour lui sortir toutes les choses les plus affreuses qu’une femme ne souhaiterait jamais entendre de la bouche d’un homme afin de m’assurer qu’elle n’étudierait plus la question. Elle n’avait eu l’envie de couper à notre « relation » malgré les craintes que je lui avais soufflées, elle semblait tant attachée à je ne sais quoi pour oser mettre terme à nos rituels. Mais, à présent, tout était fini, il n’y avait aucune raison qui puisse la pousser à me voir, ni même vouloir se confier, de toute évidence n’avait-elle pas déjà cet abruti avec lui ? Je ne sais d’ailleurs pourquoi j’avais réagi de la sorte hier soir, alors que j’avais décidé de l’oublier définitivement, je n’étais parvenu à me contrôler, mon âme seule avait réagit de son propre chef. Pathétique.

Sept heures s’était affichée à la pendule accrochée au mur, constatant que je n’avais seulement dormi que trois petites misérables heures durant lesquelles j’avais lutté avec acharnement. Je n’étais ni fatigué, ni en forme, mais je sentais le besoin de sortir, de m’occuper, faire quelque chose, n’importe quoi du moment que je pouvais oublier tout ceci. La première idée fut de retrouver la salle de musique, mon endroit favori de l’hôtel, là où je passais des heures interminables à composer, m’essayer à de nouvelles créations sans jamais m’en lassais, ni même voir le temps s’écouler, mais au vu de la situation, je n’étais clairement pas en état pour faire fuser les idées. Ma deuxième et dernière option fut de regagner le gymnase et pourquoi pas me défouler sur un sac de frappe afin d’extraire toute la colère et frustration qui me submergeaient sans relâche. Ce n’était pas une si mauvaise idée. Me levant de mon lit j’enfilais une tenue de sport et filais aux salles de bain afin de me débarbouiller. Quelques minutes plus tard, mon sac remplie de quelques affaires, déposé sur l’une de mes épaules, je me dirigeais vers le gymnase tandis que le brouillard se levait, m’obligeant à ajuster la capuche de ma veste par-dessus ma casquette.

Arrivant à destination je ne fus que très surpris en observant le faible nombre de personnes qui était venu s’adonner à un sport à la salle, à cette heure-ci, les gens préféraient opter pour faire un jogging dans le parc, et rejoindre plus tard dans la matinée le gymnase. Ce n’était pas plus mal en soi, je n’aurais ainsi à croiser des visages familiers dans ce décor trop étroit qui m’éviterai à me défouler sur eux au final. Me positionnant donc face à un sac de frappe, j’enfilais les gants de protection et me défoulait dessus sans repentance, laissant tous mes « 99 problèmes » se déversaient sur l’engin. Je frappais, cognais aussi fort que possible à chaque fois que j’y songeais, laissant des visages apparaître à l’esprit. Plus je frappais plus je  serrais avec force la mâchoire qui finissait par se crisper douloureusement, laissant la haine aspirer la douleur. Une fois, deux fois, trois, quatre et ainsi de suite, je ne comptais plus le nombre de coups jusqu’à ce  que la fatigue commence à se faire ressentir. Me laissant tomber à terre je m’allongeais sur le tapis de sport et reprenais calmement mon souffle, ma respiration après avoir autant dépensé. Je me sentais bien, mieux bien que les problèmes demeuraient toujours, j’avais la sensation que mon âme s’était réveillé d’un long repos, prêt à affronter les épreuves que le destin me réservait déjà. Sans plus tarder je regagnais les salles de bain, et allais me désaltérer avant de pénétrer l’enceinte de la douche, là où l’eau tiède avait doucement éveillé que plus ma peau, à présent embellie. Détendant mes nerfs également, je me sentais totalement purifié. Après avoir retrouvé ma chambre en déposant toutes mes affaires et m’être changé de vêtements plus confortables et larges, à mon style, je partais rejoindre le réfectoire car la faim n’avait tardé à montrer le bout de son nez. Évidemment, après s’être éternisé dans la salle de sport pendant au moins trois bonnes heures, il me fallait reprendre des forces, ce qui, d’ailleurs, pouvait s’observer à travers les différents plats variés que je n’avais pris peine à sélectionner, tellement ils me semblaient tous aussi drôlement appétissants les uns que les autres. Avec un sourire accroché aux lèvres je me dirigeais à une table vide et m’attaquais sans plus tarder à tous ces mets qui n’attendaient que d’être ingurgités. Savourant pour la première fois avec autant d’appétit, je goûtais de tous sans d’ordre précis, jusqu’à ce qu’un élément perturbateur vint me couper totalement la faim. Never.

M’imposant son visage, sa présence toute entière, il commençait à se servir dans ses plats, tandis que je continuais à en faire autant tout en ne le lâchant du regard, et ne me gênant à lui faire comprendre combien il m’importunait, là, maintenant, tout de suite, alors que je déjeunais. Ne pouvais-je même savourer tranquillement ? Il fallait que l’on vienne me faire chier même en cet autre moment de détente ? Mâchant en prenant le temps de bien mastiquer chaque aliment qui se broyait, je finissais par ne plus supporter sa personne me demandant bien ce qu’il me voulait, car je devinais qu’il n’était venu jusqu’à moi sans une quelconque idée derrière la tête, et bien que cela aurait pût être le simple fruit du hasard, sa présence qui se faisait trop longue à mon goût signifiait tout. N’ayant non plus nulle envie de lui adresser la parole, bien trop occupé à terminer en vitesse mon repas pour ne plus devoir le supporter, je finis par craquer et décidais de me lever de ma chaise afin de regagner une autre table dans l’objectif de terminer le reste de mon repas en toute tranquillité. Au moment où j’allais déposer mes baguettes, sa voix résonna dans mon esprit, me faisant percuter qu’il souhaitait me parler. De ? Pourquoi ? La soirée d’hier ne lui avait-elle pas suffit, mes avertissements ne lui avaient-ils pas percuté au cerveau afin de lui faire comprendre qu’il ne devait même pas songer de tenter cette approche ? Était-il borné ou bien ?

Je relevais les yeux en sa direction sans pour autant lever la tête et le toisais de mon regard avec ce même air que j’adoptais quand je me fichais complètement d’une personne et le lui faisais comprendre. « Tu ne vois pas que je mange ? » Je finis par continuer à me servir, avalant plus que mastiquant dans le simple intérêt de le faire chier de par cette ignorance. « Il est très impoli de venir importuner le repas de quelqu’un, n’as-tu donc aucune manière ? » Je poursuivais, et cette fois ci je saisis mon verre d’eau que j’avais remplie précédemment, buvant entièrement le liquide et le déposant ensuite sur le plateau en le cognant suffisamment fort pour aguicher les quelques regards autour de nous. « Ahhhh quel succulent repas, tu ne trouves pas ? J’ai bien mangé. » Le faisant face cette fois ci je le dévisageais avec un sourire en coin, totalement moqueur.

J’ignorais s’il était sourd d’oreille ou bien s’il n’avait tout simplement eu aucune éducation de son vivant, mais je vous avouerais qu’il commençait sérieusement à me taper sur les nerfs. Premièrement le simple fait de voir sa personne se tenir face à moi, me donnait franchement l’envie de gerber tout ce que j’avais ingurgité jusque là, et deuxièmement, l’entendre insister tout en se fichant de ce que je lui avais balancé il y a quelques minutes, me poussait à vouloir lui donner une bonne leçon afin qu’il saisisse pour de bon où se trouve sa place. Toutefois, en y réfléchissant bien, je trouvais sa curiosité amusante, lui qui semblait se ficher de tout, avec cet air las qu’il affichait sans cesse aux yeux de tous, me faisait rire intérieurement. Après nous avoir provoqué aussi stupidement de la sorte hier soir, que croyait-il ? Pensait-il que cela allait nous faire rire ? N’avait-il une petite idée derrière la tête avant de nous confier ce qui avait été dit ? Et quoi ? Regrettait-il maintenant ? Craignait-il qu’on s’en prenne sans relâche à lui ? Ou bien avait-il simplement eu l’envie de s’amuser une fois de plus après m’avoir identifié parmi le peu de monde se trouvant ici ? Il me faisait peine, vraiment.  

Mon problème parmi ces « 99 autres problèmes » était tout bonnement sa propre personne. Lui qui était très proche de Passion, lui avec qui elle perdait de son temps. Je n’avais jamais prêté attention à tout ceci, ayant parfaitement conscience que Passion était une femme qui aimait les hommes, qui n’avait de gêne à partager sa couche avec eux et sans regret. Pourtant, étrangement et subitement, lui que je trouvais un peu différent de part sa complicité avec elle, m’avait fait penser qu’ils partageaient quelque chose d’autre, quelque chose dont je me doutais et ignorais jusqu’à maintenant, après que Never ait finalement décidé à joliment nous le confirmer. Absurde. Pathétique. N’ayant envie de toujours lui répondre, je finis par détourner mon attention, observant de jolies paires de fesses passer à hauteur de nous, mon regard les suivit sans rien dire, redessinant les courbes de ces jeunes femmes tout en mordillant ma lèvre inférieure, et oubliant un instant la présence de l’élément perturbateur face à moi. Du moins pour seulement quelques misérables secondes, quand il sût comment parvenir à attirer suffisamment mon attention en soufflant ce prénom que je connaissais que trop, pour l’ignorer. Un sourcil s’étant arqué, je terminais par le regarder en biais tout en silence, bien qu’une fois de plus l’envie de lui rire au nez se fasse grande.  Je pouvais apercevoir son regard insistant qui s’était posé sur moi, là, à l’instant, devinant combien il s’impatientait. Lui qui était du genre à aimer qu’on l’ignore, n’allait-il pas craquer si je continuais ainsi ? À agir comme il souhaitait que les gens fassent avec lui, dommage, pourtant, là, Never avait fait l’effort de se sociabiliser un peu, si l’on pouvait appeler cela comme tel vu la façon dont il y s’était pris. Un rire moqueur mélangé à de la satisfaction avait finit par franchir mes lèvres, et me laissait profiter du magnifique son. Cette fois ci je le regardais franchement, portant toute mon attention sur cet abruti, je laissais plonger mon regard dans le sien avec aisance. « Ma relation avec Passion ? » Avais-je répété en laissant splendidement l’intonation se faire entendre, chose que Never avait porté peu d’importance sur ce détail, pourtant si primordial à cette question posée. Calmement tout en joignant mes deux mains sous mon nez, et venant m’accouder sur la table, je laissais le silence perdurer encore un peu pour mon simple plaisir. Je n’avais rien demandé, il était venu de lui-même, souhaitant réponses à ses questions bien trop personnelles qui ne le regardaient en rien, en toute franchise. Je n’avais ni l’obligation, ni l’envie de lui répondre, cela concluait parfaitement cet interrogatoire sordide, mais cela serait beaucoup trop ennuyeux si je me levais de suite sans en profiter un peu avant de m’en aller. Après tout, n’était-il pas venu à moi pour la deuxième fois ? J’ignorais qu’il avait autant d’intérêt envers ma personne que cela, il était bon à savoir à présent. « Qu’en penses-tu ? » J’avais mis terme à notre relation et avais décidé que nous ferions en sorte de vivre chacun sa vie sans se soucier de l’un et de l’autre. Je m’étais promis de ne plus jamais revenir à elle, ni la laisser revenir à moi. Il n’était dans ce cas question que je me laisse porter par l’amertume comme je l’avais fait hier soir. « Que crois tu que nous sommes ? »  Je n’allais certainement pas lui donner réponse aussi aisément, ni lui donner réponse tout court. Dommage pour lui, la bonne humeur était de retour, et n’allait pas disparaître sous peu.

Un rire. Un rire moqueur se fit entendre tandis que je l’entendais répondre suite à ce que je lui avais demandé précédemment. Il était vraiment pathétique, pitoyable, il me faisait vraiment rire à se prendre pour je ne sais quel héro qu’il était loin d’être. Si l’on en jugeait à ses paroles, il ignorait donc tout. Passion ne lui aurait rien confié, ou peu confié concernant tout ce qui se passait au sein de la bande. N’était-ce pourtant  pas son ami ? Se sentait-il chagriné ?  Mais cela ne me dérangeait pas en soi, s’il avait l’envie de la protéger et de faire regretter tous ceux qui s’en prendront à elle, et bien qu’il fasse. Je serais d’ailleurs curieux de voir sa réaction s’il apprenait ce que Dark faisait subir à sa protégée. Cela ne me regardait plus. J’avais mis terme à tout ceci et m’étais forcé à oublier tout ce qui la concernait. À présent j’allais mener ma vie de mon côté, tout comme elle était censée faire. Je mentirais si je  disais que cela ne m’affectait en rien, au contraire, je luttais chaque jour, mais je ne devais reculer, je ne devais revenir sur mes pas pour notre bien à tous. Même cet abruti, bien qu’au fond, l’entendre se confier de la sorte à son sujet m’énervé plus qu’autre chose, je me contenais et prenais simplement tout sur moi. Subir silencieusement, était ce que j’allais faire de mieux à présent.

Me servant à nouveau tout en ignorant ses paroles, je portais à mes lèvres le verre en cristal et but une grosse gorgée d’eau en laissant mon regard se perdre dans le décor. Les tables se remplissaient de plus en plus vite à présent et la notre aussi. Mais, il semblait ne vouloir s’arrêter ici, cherchant par tous les moyens à aguicher mon attention de quelconque façon. Il était celui qui devenait puéril. Pourquoi autant s’attacher à de si peu détails s’il pouvait les obtenir d’une façon plus aisée, comme se renseigner directement auprès de Passion ? Trop enfantin pour moi.
M’amusant avec le verre je l’écoutais alors sans broncher tout en ne saisissant pas vraiment le sens de ses paroles mais après tout je n’en avais que faire. Je me l’étais promis, qu’importe ce qui se passerait je ne ferais pas la même erreur deux fois. Si je n’apprenais à me contenir, je finirais par le regretter plus tard, et à ce moment là, je n’aurais plus rien à perdre. Non, l’amitié que nous avions fondé lui et moi était bien plus précieuse qu’une femme. Je me suis toujours moqué de Cupidon, et ce n’était pas aujourd’hui que cela allait changer.

Le silence qui se faisait perdurer sous mon manque de réactivité finit par le lasser semblait-il, puisqu’il terminait par se lever et allait déposer son plateau. Je ne perdis une seconde de plus et en fis de même, me levant et saisissant mon plateau entre les mains,  je m’apprêtais à m’éloigner quand soudainement son visage réapparut dans mon champ de vision. Quoi encore ? N’en avait-il assez ? Fallait-il que je lui prouve davantage qu’il me lassait et que je n’avais que faire de lui et de ses intentions ? Un léger soupir s’échappa tandis que je le regardais avec un air las.  Mes yeux s’étant levé au ciel, mon âme entière se fatiguait de le voir. Je n’avais déjà l’envie de lui répondre de base, mais là, l’envie de lui coudre la bouche me démangeait atrocement. Peut être que finalement il nécessitait de le lui dire clairement, que j’en avais royalement rien à foutre. Je m’étais laissé emporter hier soir, un peu trop, mais à partir de maintenant je n’y ferais pas plus attention.

Clairement, mon âme était allée d’elle-même se mettre à sa hauteur le dépassant d’un peu, quand soudainement ses paroles me percutèrent un peu plus que toutes les fois où il avait tenté d’attirer mon attention. Est-ce que je rêvais ou bien venait-il vraiment de m’inviter à passer du temps avec lui ? Se foutait-il de ma gueule ou bien avait-il besoin que je lui rappelle combien moins je le voyais, mieux je me portais ? Le regardant en biais, j’arquais un sourcil tout en gardant le silence avant de finalement disparaître et le laisser seul, partant déposer mon plateau. Après ceci  et avant de regagner toute autre activité, il me fallait à tout prix une cigarette, chose que je m’étais hâté de faire tout en songeant à ce qui venait de se produire un instant plus tôt. Me remémorant ses dires, je gardais les yeux fermés. Me remémorant ses dires, je gardais les yeux fermés, mais la seule chose qui me venait à l’esprit était me voir en train de lui donner une bonne leçon.

Ayant terminé ma cigarette, je restais la tête reposée contre le mur et sans réellement savoir ce qui m’avait pris, je m’étais finalement décidé à aller le retrouver. Retournant au réfectoire, je revenais à notre table avec calme. L’apercevant, assis à la même place, je passais à sa hauteur sans pour autant prendre place et sans même daigner déposer mon regard sur sa personne, je m’exprimais. « Parle intelligemment. Je ne consacrerais pas plus de mon temps à une personne aussi ennuyante que toi si c'est pour t'entendre parler de choses futiles. »   

J’ignorais pourquoi je m’étais retrouvé ici. Je n’en avais que faire de sa personne et de ses intentions à mon égard, mais étrangement mon corps s’était levé de lui-même pour allait le retrouver. Subitement. Alors que je me trouvais à sa hauteur,  toujours l’ignorant de mon regard qui se perdait parmi la foule qui avait doublé à présent, j’avais eu l’envie de faire demi-tour sans attendre un quelconque retour de sa part. À quoi bon ? J’imaginais la réponse qu’il me donnerait, s’il daignait déjà m’en donner une, avec ce même air qu’il adoptait toujours, celui d’une âme morose qui donnait l’impression d’être lassé de sa propre existence parmi l’au-delà. N’occupait-il jamais ses journées de façon à ce qu’un sourire éclaire un peu son visage, vide de couleurs ? Il avait l’éternité devant lui à présent. L’éternité qui se ferait un plaisir de jouer avec sa patience s’il n’y donnait pas un peu du sien. Mais au final, qu’en savais-je réellement ? Derrière cet air qu’il se donnait, peut être qu’il l’appréciait. Peut être qu’il l’appréciait même un peu trop en venant croiser mon chemin, celui de Passion mais aussi celui de Dark à présent. Oui, cela devait certainement être son rayon de soleil durant ses journées monotones, il me ferait presque pitié, mais la pitié n’étant mon fort, surtout et envers sa personne, je laisserais simplement un sourire moqueur se dessiner sur mon visage satisfait, me rendant compte que je faisais face à un personnage pathétique qui n’avait seulement besoin d’ un peu d’attention. Ridicule. Je savais que le manque de tact le connaissait du peu où j’ai pu en être témoin, mais je n’aurais jamais pensé que cela était critique à ce point.  Avait-il peut être besoin d’un maître pour le dresser ? Sans parler des  bonnes manières qu’il avait grandement besoin de travailler. Vu le genre de personne qu’il était, je me demandais si cela aboutirait à un résultat satisfaisant, mais contrairement aux mortels, le temps ne lui manquait pas, il finirait par y arriver même si un siècle devrait s’écouler entre temps. Je le lui souhaitais.

Sa réponse ne m’avait surprise. L’originalité ne le connaissait non plus, à exploiter mon propre humour et l'utiliser à sa guise, en retour. Vraiment, plus nous nous croisions, plus je le trouvais d’un ennui fatal. Originalité zéro. Un bâillement ne put s’empêcher de répondre à sa soit disant self-défense, me moquant, mais aussi parce que la fatigue me prenait vraiment à force de faire des efforts inutiles. Laissant le silence s’installer pour le lasser davantage, je m’étirais de tous mes membres tandis que mon regard finit par se poser sur tout un groupe qui venait de pénétrer l’enceinte, suffisamment aguicheur pour attirer les regards. Dark, Moon, July et quelques autres s’étaient regroupés afin de prendre le petit déjeuner ensemble. Sans plus tarder je détournais mon attention de la bande, leur faisant dos en m’installant face à l’abruti dont j’avais oublié l’existence pendant l’espace de quelques secondes. Prenant place avec un petit sourire je le toisais de mon regard. « Tu es pathétique. Vraiment. » Je laissais un rire s’échapper d’entre mes lèvres suite à cela. Un rire qui n’en finissait plus m’obligeant à taper un peu des pieds sous la table et me tenir le ventre.