M'engouffrer dans le royaume de la nuit ne me posait aucun problème, par contre, j'avais extrêmement de mal à supporter l'éclatante lumière du soleil. J'avais l'impression qu'elle me mettait à nu, quelle me rendait vulnérable et bien trop visible au regard des autres. C'était justement la raison pour laquelle je ne me risquais que très rarement à sortir de ma chambre durant la journée. J'avais pour habitude de sauter bon nombre de repas et cela faisait 2 jours que je n'avais rien avalé. Alors j'avais faim. Je fus contraint de sortir de mon trou et de m'ouvrir à un monde que je n'étais toujours pas apte à comprendre.
J'avais traversé ce long couloir rouge et angoissant, avec la peur de rencontrer quelqu'un aux tripes. Je savais indéniablement qu'en me rendant au réfectoire à cette heure ci, j'allais rencontrer du monde. Cette simple pensée me faisait froid dans le dos mais je n'avais pas de plan B, je ne connaissais nul autre endroit où j'aurais pu me procurer de la nourriture. Au fur et à mesure que je m'étais rapproché du lieu que je convoitais, une petite boule de stress avait fait son apparition dans mon ventre. Je me maudissais intérieurement pour ma faiblesse.
J'étais à présent installé à une table pour quatre personnes, tout seul. Je n'osais relever le regard par peur de croiser celui de quelqu'un d'autre. Petit à petit, je sentais ma vision se discorde et mes sens commençaient à me tromper. Ce n'était pas normal de me sentir ainsi en compagnie d'innombrables personnes. Je devais faire avec, alors je me pressait de manger. Malheureusement, je fus chassé par une bande d'amis qui convoitaient ma table puisqu'il n'y en avait plus aucune de libre. Je tremblais à ce contact. Je m'étais levé sans leur adresser ni regard ni mot, j'avais pris mon plateau pour partir à la recherche d'une nouvelle place.
Je tournai en rond dans la pièce. Il n'y avait vraiment aucune table de libre, des places oui, mais auprès d'autres personnes. Je soupirai lentement avant de me résigner à quitter la salle. Tant pis, cette fois ci je ne terminerai pas mon repas. Pourtant, mon ventre m'hurla de faire le contraire. Il me fallait manger, bien que je sois mort, j'avais l'impression que ça m'était vital. Rapidement, je jetai un coup d'oeil autour de moi et je remarquai une table. Seule une jeune femme s'y trouvait. Par en juger le contenu de son plateau, je constatai qu'elle avait bientôt terminé. Soulagé, je me dirigeai vers elle. "Excusez-moi... Est ce que je peux m'asseoir?