Snacks Ft. Frostounet

Il était hésitant, il avait du mal à aller vers lui, mais ce n’était pas l’envie qui manquait. Non, Frost avait simplement cette manie de réfléchir un peu trop. Assez pour rester immobile quelques secondes qui durèrent à son sens trop longtemps. Casper toujours de dos, il en profitant, glissant quelques mots doux qu’il pensait sincèrement. Il devait y avoir une raison au fait de toujours se retrouver et les éléments ne pourraient y changer grand-chose si telle était la volonté d’une quelconque entité ou d’une force qui dépassait l’entendement. Un sourire vint poindre tandis que le pessimisme de Casper lui faisait comprendre qu’il devait savoir quelque chose. Ce n’était pas étonnant, seulement, il ne savait pas tout au sens du fantôme et cela le rassurait si bien qu’il ne dit aucun mot, haussant les épaules pour toute réponse avant de laisser ses lèvres gagner les siennes pour une embrassade des plus endiablées. Son cœur s’emballait de nouveau, trop vite, mais il était déjà mort et il serait prêt à mourir encore si c’était de cette délicieuse façon. Au moins, il en connaitrait la raison.

Le gérant recula pour recouvrer ses esprits, laissant entendre qu’il était vain de lutter contre lui, ce qui ravie le givré, acquiesçant en croisant ses bras une fois les mots doux et l’attention particulière portée à son lobe furent passés. Il le dévorait du regard, espiègle, retrouvant une certaine contenance quand pour lui, l’homme en face perdait de cette aura effroyable, non sans rester charismatique et quelque peu troublante. Mais ça n’avait dorénavant plus rien à voir avec ce gérant d’hôtel inconnu jusque-là. L’énigme restait entière, néanmoins bien plus distinct cette fois. Il s’approcha, le saisissant par la taille pour déposer un baiser plus chaste, s’éloignant pour le regarder, caressant ses hanches de ses doigts fins. « Je suis presque déçu, où as-tu caché le propriétaire des lieux ? Il parait qu’il est effrayant et doté de pouvoirs que l’on n’imagine pas dans nos rêves les plus fous… tu n’as rien à voir avec ça… » il était juste lui, comme n’importe quel autre ici. Il y avait des secrets, comme tout le monde, mais quand on est celui qui régit la vie de toutes ces âmes, il n’y a pas de place pour cela apparemment. Pourquoi diable croire qu’il ne mérite pas une vie comme tout le monde ici ? C’est injuste, mais c’est aussi si puéril qu’il valait mieux ignorer les messes basses. Ne dit-on pas que l’ignorance est le meilleur des mépris ? Même si ça n’en est pas aux yeux de Frost, il les voyait comme des enfants en pleine rebellions pour une grande majorité et cela suffit à le faire rire très légèrement. « Entre nous… je préfère t’avoir pour moi seul… de cette façon » personne n’avait jamais passé le seuil des apparences ou ne s’en était donné la peine, c’était triste, mais ainsi allait la vie dans cet hôtel qui leur servait de logis. De nouveau il l’embrassa, avec plus d’entrain cette fois, mordillant ses lèvres avidement avec un sourire qui ne le quittait presque plus.

Les larmes laissèrent place à un sourire, lentement mais surement et ses baisers devaient y être pour quelque chose, ainsi que ses taquineries. Frost était doué pour détourner l’attention, mais il l’était aussi pour comprendre et il appréciait de voir cette douceur se répandre chez Casper à mesure qu’il le rassurait. Il avait cette aura sans pour autant soulever les foules, non, juste un minimum d’autorité et de calme qui caractérisait ce que la plupart qualifieraient de rassurant.  Il ne manqua pas de rire en entendant que le gérant charismatique, autoritaire et effrayant était parti en vacances. Il ne le voyait pas de cette façon, ça n’avait jamais été le cas.

Ses confidences eurent l’effet d’une bombe, son cœur s’emballait à chaque fois que Casper revenait à la charge pour profiter de l’étreinte et d’échanges plus passionnés. Il ne voulait pas s’en séparer et pourtant, il était plus sage de le faire, écoutant ainsi Casper lui laisser le choix difficile de discuter ou de passer à l’action. Leurs corps criaient pour eux, néanmoins, contre toute attente, Frost prenait cela comme un jeu et releva le menton pour toiser avec un air joueur et amusé son vis-à-vis. « J’opte pour la discussion, remettons le reste à plus tard, apprenons à nous connaitre autrement… sinon, où serait l’intérêt ? » Il ne voulait pas d’une routine, ayant l’éternité dans un hôtel, malgré les caractères de bois différents, il y avait ce besoin de découvrir qu’il ne refusait jamais lorsqu’il s’agissait d’un livre, d’une personne ou d’un sentiment. C’était pour lui les trois à la fois. Le livre étant un scénario bien particulier, celui de sa propre personne, la personne était Casper, l’élément déclencheur et finalement ce sentiment qu’il avait la sensation de connaître, mais qu’il n’expérimentait avec bonheur que dans l’instant. Il n’avait malheureusement aucune comparaison, ne se souvenant pas pour le moment de sa vie passée.

Le givré se saisit de la main de son gentil fantôme, le tirant vers lui pour l’embrasser et se saisir d’un autre met dans la réserve. Il croqua dans sa pomme avec avidité sans quitter l’autre homme des yeux, passant sa langue sur ses lèvres pour récolter le jus ni trop acide, ni trop sucré du fruit. Sans oublier de savourer la qualité de son croquant. Il n’en fallait décidément pas beaucoup pour que Frost soit heureux et il espérait s’en souvenir longtemps cette fois, se demandant comment il était d’ailleurs possible d’oublier une fois mort ou de comprendre pourquoi un hôtel. Contre toute attente, sa question fut toute autre. « Si tu avais eu le choix d’être ce que tu veux, qu’aurais tu fais de ta vie ? Ou que faisais-tu ? Qui sait ? »

La question n’eut pas l’air de le perturber et ce fut tout à son honneur. Frost était curieux, dévorant sa pomme sous le regard fuyant de son amant, avant de croiser ses bras, d’un air amusé, écoutant patiemment ce qu’il avait à dire. Il était vrai que Casper avait possession de son passé, du moins il semblait en savoir plus que la plupart et quoi de plus normal puisqu’il était le gérant de l’hôtel ? Quoi qu’il en soit, d’un gérant à un médecin, il y a un monde qui sépare les deux carrières, pourtant il endossait parfaitement le premier rôle. Le givré n’en savait rien pour le second, mais cette apparence froide et ce charisme presque effrayant qui donnaient à eux seuls la chair de poule à la moitié de l’établissement cachait visiblement un être plus sensible et n’était donc qu’une carapace. Son sourire se fit d’autant plus grand. Aider les autres ? C’était quelque chose d’intrigant, était-il le gourou ici pour cette raison ? Cela demeurerait un mystère pour l’éternité.

Quand la réplique lui fut donnée, il ne sut pas quoi en faire, réfléchissant en levant le nez pour regarder au loin les tables accompagnées de leurs chaises. La salle était bien vide, presque triste et il haussa simplement les épaules. « Je ne sais pas, mais je crois que nous partageons cette volonté d’aider autrui. Après ce que j’en aurais fait, ça dépend. Je ne suis pas médecin, c’est certain. J’aurais aimé prendre soin des plus fragiles, mais tu comprends bien que je suis heureux de ne pas voir ce genre de personnes mourir » Les enfants étaient pour lui essentiels et il aurait d’ailleurs voulu en avoir s’il en avait eu la possibilité. Néanmoins, c’était un long chemin et aucune femme n’aurait supporté d’avoir une équipe de foot à elle seule… enfin, femme, ou homme, c’était encore moins sûr de pouvoir adopter autant de petites têtes blondes. Fort heureusement, il avait compensation. Quand il voyait certaines âmes aussi pures, ou presque, il n’avait qu’une envie : être le chevalier servant de la plupart d’entre elles. « Je crois que j’aurais été révolté de voir des enfants ici… en réalité » et bien que ce ne soit pas un cas à exclure, il se demandait pourquoi, justement, parmi les maux du monde, il n’y avait pas eu d’enfant dans cet hôtel, même s’il était préférable à son sens qu’il n’y en ait jamais, ça aurait dû arriver.

Mignon ? Il s’était confié le plus simplement du monde, il était vrai que ses espoirs n’étaient pas des plus ambitieux, juste une vie normale entourés de bambins, mais après tout, quoi de mieux ? Chacun avait le cœur bordé de rêves sur mesures, lui n’aspirait pas à grand-chose d’autres, déjà foncièrement heureux. Il acquiesça, se disant qu’il n’était pas le seul, bien que son image d’un Casper père était à son sens peu flatteuse. Enfin, ça ne regardait que lui et il ne se permit pas de le juger ainsi, trouvant ses idées saugrenues bien qu’adorable. Frost décelait chez le gérant une maladresse étonnante étant donné sa facilité à gérer l’endroit.

« Possible, je n’en saurais jamais rien » dit-il en haussant les épaules, le silence reprenant ses droits pour permettre aux rêveries de s’immiscer, de prendre vie dans des fictions imaginées par un esprit fertile. Mais il fut coupé. La question qu’il décelait derrière celle présentée était son état actuel. Etait-il heureux ? Oui, sans l’ombre d’un doute. « Je me porte bien, je ne regrette pas de toute façon il y a une part qui dépend de moi, l’autre non. Qui sait quand la mort frappe après tout ? L’avantage, c’est que s’il y a de quoi faire ici, je me porte garant pour cela » pourquoi se prendre la tête, avait-il vraiment le choix de cette vie qu’il menait ? Autant l’apprécier comme elle venait, tel était son crédo. « Et puis, non, laisse Azur à… Kokoro ? Je ne la connais que très peu…, elle semblait me connaitre en revanche très bien » dit-il, avec un petit sourire espiègle, évinçant de cette remarque leur conversation qui aurait pu tous deux les rendre triste à en mourir, si ce fut possible d’ailleurs.

« Je me demande bien comment… j’ai bien une petite idée… » Frost n’avait rien d’un sadique, mais il était assez taquin pour embarrasser Casper le plus innocemment du monde, profitant de l’occasion pour se régaler du spectacle qui s’offrait à lui, ses épaules se soulevant brièvement par moment dans des rires silencieux qu’il ne tentait même pas de cacher.

Il avait si bien réagi que Frost essayait tant bien que mal de ne pas rire, l’observant malgré la fuite que prenait le gérant pour masquer son embarras fort appréciable. Le givré remarquait à quel point leur séparation avait été douloureuse pour lui, malheureusement, il ne pouvait qu’imaginer, se souvenant à peine. Il n’avait pas vécu cela de la même façon et ne savait même pas le nombre d’années qui les avait séparés. « Je suis désolé, j’aurais aimé me souvenirs plus vite » ou être là plus vite ? Il n’osait simplement pas le dire, ne sachant pas ce qu’aurait été sa vie s’il en avait été autrement. « Hm, tu parles de moi du coup » dit-il en riant encore, le voyant se tourner complètement. Il espérait détendre l’atmosphère et au lieu de faire face à un Casper dévasté, le givré se vit empoigné par le col pour un échange musclé auquel il participa activement non sans profiter pour lui mordiller la lèvre.

« Entre savoir et connaître, il y a une grande différence, que l’on parle de moi ne me dérange pas, surtout si c’est toi » dit-il, mais il lui fit un clin d’œil « je n’ai pas vraiment de confident ici, mais nul doute que j’aurais surement fait la même chose » il y avait bien quelques têtes à qui il aurait touché deux mots, mais il était plutôt pudique et ne savait pas si Casper assumerait cette relation, en tous les cas, il n’avait pas eu de raison d’en parler malgré la réciprocité certaine de ses sentiments… rien n’était joué, voilà qui avait changé dorénavant. Il lui glissa à l’oreille « Mais, maintenant, je compte sur toi pour garder nos petits secrets… secrets, parce que je ne suis pas certain de rester sage longtemps… »

La joie et la bonne humeur régnait après cet instant pourtant déchirant qu’ils venaient de vivre. Passe du rire aux larmes était des plus étrange, mais ce n’était pas Frost qui allait s’en plaindre, profitant pour susurrer des mots doux à son cher et tendre qui était des plus compréhensif. Il ne savait pas comment s’y prendre et les réminiscences qui lui parvenaient étaient encore bien peu suffisantes pour établir quoi que ce soit. Il n’avait en tête que son visage, profitant de ses sourires et de sa peau pour échapper un souffle contre ses lèvres, l’embrassant en haussant les épaules par la suite.

« Il n’y a pas vraiment d’endroits pour cela je dirais, mais ce n’est cependant pas le moment » malgré l’envie, avait-il envie d’ajouter, mais il s’abstint, sachant pertinemment que ce n’était pas la peine d’insister sur sa fougue. Il ne manquait pas de faire battre son cœur et c’était plus que suffisant pour un seul soir, mieux valait profiter de faire plus ample connaissance et ne pas précipiter les choses au risque de regretter. Prendre son temps était une chose que le givré savait faire et son impatience n’y changerait rien. Un baiser contre sa nuque, son souffle chaud contre l’oreille du gérant, Frost souriait brièvement, allant mordiller le lobe sous ses dents et caresser de ses mains les hanches habillées de son hôte, il n’avait pas besoin de mots, juste d’être ainsi proche et profiter de l’instant.

Il voulait que cela dure encore, ne sachant combien de temps ils étaient restés ainsi, mais avait-ce une once d’importance ? Le temps était si précieux que chaque moment à imprimer, graver dans sa mémoire les secondes passées en sa présence étaient précieuses, comme pour ne jamais plus l’oublier et défier toutes ces lois qui le dépassaient totalement et pourtant auxquelles il était soumis par la force. Frost n’est pas un rebelle dans l’âme, mais la force qui l’habite quand Casper est près de lui peut surprendre les éléments sans l’ombre d’un doute.