Snacks Ft. Frostounet

La tension redescendait, lentement, dans une humeur qui le laissait entre deux états. À la fois désireux de profiter de l’instant et d’en garder assez pour toutes ces autres prochaines fois qui s’annonçaient elles aussi intenses. Frost se pose beaucoup de questions, mais elles n’ont rien à voir avec ce lieu pour la plupart ni cette vie qu’il possède et qu’il ne devrait peut-être pas avoir. Casper semble hésiter, faisant couler le thé dans leurs tasses et glisser celle du givré entre ses doigts, il cherche ses mots et ne semble pas les trouver. Enfin, ils se posent et savoure un nouvel instant de calme en même temps que le liquide sucré.

Attentif, le moindre mot est disséqué, examiné afin de rien perdre du contenu dans sa globalité. Il boit, à chaque pose lui aussi, observe cette gestuelle embarrassée. Il acquiesce, nul besoin d’en dire plus et se surprend à pencher la tête. Rien de tout ce qu’il aurait pu imaginer n’était véritablement la réponse qu’il venait d’avoir. Ce n’était pas ce qu’il attendait, mais il était satisfait malgré tout. Altruiste, il n’en avait pas douté. La chute, elle aussi étonnante restait un puits de savoir auquel Frost s’abreuvait plus généreusement qu’il l’aurait cru. Il n’avait pas besoin d’en savoir plus, mordillant sa lèvre pour toute réponse en premier lieu. Le silence est d’or et seul la tranquillité du thé secoué dans la tasse à chaque contact avec ses lèvres se fait entendre.

Comment lui dire ? Lui qui n’avait aucun souvenir avait en l’espace d’une nuit appris bien plus sur lui ou sur cet hôtel que durant, surement, tout le temps qu’il avait passé à arpenter les couloirs. Oh, ça ne le dérangeait pas, il assimilait encore, mais beaucoup de questions se bousculaient malgré lui. Encore une fois plus étrangement axées sur Casper que sur le reste. Yeux dans les yeux, il sourit et reprend « Je te remercie pour cette confiance que tu m’accordes et de m’avoir raconté en quelque sorte ce que tu es » il avait bel et bien une autorité et des responsabilités, néanmoins si la raison de la création de ce lieu lui est encore inconnue, il n’en avait que faire, se retrouvant avec un homme qu’il aime. « Ce que je voulais savoir, cependant, n’a aucun rapport avec ce lieu, ainsi je ne te poserais pas les innombrables questions qui auraient pu germer dans tout esprit normalement constitué. Je poserais seulement les miennes » à savoir qu’il ne se considérait pas comme normal de ce fait « De quelle époque viens-tu ? Comment as-tu vécu ? » Un doute, s’empare alors de lui. Etait-il seulement mort ? Il l’a au bord des lèvres, mais cette question qui le brûle restera en suspension, finissant son thé, Frost approche sa main de celle de son amant, l’attrapant avec douceur. « Tu as tort sur l’importance que tu accordes à ce que tu m’as dit. À mon sens, ce que tu es, je peux bien me passer des détails, tant que tu es capable d’aimer »

Casper avait toujours été hors du commun aux yeux de Frost et ça n’avait jamais rien eu à voir avec cette fascination pour l’hôtel. Les questions qu’il avait à ce sujet, n’étaient pas d’ordre logique. Ou plutôt elles avaient une logique différente de celle des autres résidents. Savoir comment un tel endroit pouvait exister et s’il s’agissait d’un purgatoire avant jugement était plus intéressant à son sens que la raison pour laquelle il était ici, puisque de toute évidence ils étaient destinés à en apprendre plus sur eux même. Ce temps qui leur avait été donné était-il pour une quelconque réflexion, ou pour profiter d’une vie dont ils avaient manqué, qui s’était terminée prématurément ? Mais tout cela, il ne le demanda pas, écoutant plutôt cette vie qu’avait eu son amant qui peinait d’ailleurs à la lui confier. Sa main dans la sienne, il lui offre un sourire calme et acquiesce. Aimer était le plus important, le sentiment qui rayonnait et régissait pour Frost, tout le reste.

Il mordille sa lèvre en écoutant. « Une autre époque » dit-il, plus pour lui-même qu’autre chose, mais les baises-main reçus en disaient déjà long, suffisamment pour que cette classe naturelle chez le gérant lui soit prêté d’un univers qu’il aurait bien voulu connaître. Il est plutôt satisfait, et se souvient d’avoir entendu plus tôt que son homme était médecin. Ça lui allait si bien. Le givré ne dit rien de plus, simplement satisfait de ces réponses. Il est bien sûr intrigué par la fin de ses confidences. Casper cachait des choses, mais il ne forcerait pas les portes de ces énigmes, tout se saurait un jour et il était persuadé qu’il en saurait plus en temps et en heure, ce qui le dotait d’une patience infinie d’ailleurs.

Le résident s’approche un peu plus, tirant doucement sur les mains entrelacées aux siennes et force ainsi le mystérieux Casper à plonger son regard dans le sien. Il ne dit rien, pas tout de suite, mais il n’a pas besoin de mot pour exprimer ce qu’il ressent actuellement. Plutôt direct, plutôt impatient en matière d’expression, lui qui aime pourtant savourer les doux mots et le langage soutenu d’un bon roman quel qu’il soit. Il le regarde, approche ses lèvres des siennes, les frôles, amusé et dérive vers son oreille, décidément très joueur et aventurier en cette nuit. « Ne t’embarrasse pas d’une culpabilité qui n’est pas la tienne. Je comprends et j’espère seulement que je pourrais te protéger, toi qui t’occupes de tous » il ne savait rien des secrets de ce lieu, mais il se doutait qu’il y avait eu un prix à payer pour cela. Croire en des entités quelles qu’elles puissent être n’est pas bien difficile si tenté que Frost existe malgré sa mort. Il n’a pas besoin de savoir, il s’inquiète pour son amant et il sera là si besoin, pour le seconder. Un baiser poser sur son cou, descendant sur son épaule, puis il s’éloigne, savourant avec une douceur infinie ces lèvres dont il ne pouvait plus se passer pour leur goût sucré. « Merci de m’accorder ta confiance, je ne suis pas très demandeur, excepté en matière de livres et possiblement lorsque sa te concerne. J’espère que cela te convient ? » Un air mutin scotché au visage, il se délecte de ce sentiment à la fois mitigé par tout ce qu’il avait à penser dorénavant et bienheureux d’obtenir enfin l’attention et l’amour qu’il n’aurait jamais cru voir naître un jour à son égard.